Handicraft, ou le retour des monstres.
Handicraft, ou le retour des monstres.
Un doute persistant.
Intituler un tel projet HANDICRAFT pose un problème : il y a dès le départ quelque chose de « limite », tout simplement parce que ces objets semblent fabriqués par deux mains gauches. Il n'y a visiblement que peu de savoir-faire dans toute cette production. Alors pour ce qui est du « fait artisanalement », on peut se poser la question : la main semble en effet largement mise en défaut.
Il y a quelque chose de profondément non maîtrisé dans tout ça : les pots sont ratés, et les images n'ont d'autre intérêt que leur loufoquerie, leur caractère insolite, souvent au-delà des limites de la stupidité. Cette association est douteuse, et en même temps, une certaine harmonie se dégage de l'ensemble, précisément parce que ces divers éléments s'associent bien. Pots et images se sont bien trouvés? Ce sont là de parfaits petits monstres.
Genèse des monstres.
La série HANDICRAFT est un ensemble de pots sur lesquels apparaissent des images récupérées sur le web. Ces images, vues et revues, que Thomas Mailaender collecte et archive, font désormais partie d'une culture collective. Qui pourrait en effet prétendre n'en avoir jamais vu aucune ? Ce sont des images drôles, cocasses, des records plus ou moins stupides, des blagues de potaches auxquelles tout le monde a plus ou moins pensé un jour. Il y a là LIRE CE TEXTE Adrien Rovero, designer INDUSTRIEL.
Adrien Rovero, designer INDUSTRIEL.
Sorti de l'ECAL en 2006, le suisse Adrien Rovero multiplie les projets et les expériences. Pour sa première collaboration avec Campeggi, entamée en 2008, il met en place un système de petites animations dessinées qui deviennent la base d'échanges avec l'éditeur italien. Une expérience singulière, peut-être, mais surtout une manière de travailler qui correspond à un état d'esprit. Le canapé Flip, fruit de cette collaboration, est produit depuis fin 2009. Adrien Rovero travaille aujourd'hui sur de nouveaux projets avec Campeggi.
L : Pourriez-vous, avant tout, dire en quelques mots quels sont les thèmes, les idées qui traversent votre production ?
R : Il y a certainement quelques thématiques qui se retrouvent même si chaque projet est prétexte à de nouvelles pistes. J'aime beaucoup travailler avec les signes, les codes visuels. Je les manipule, les détourne. Je les utilise pour communiquer l'usage, l'idée, le contexte? Du point de vue du dessin, je suis de plus en plus fasciné par l'univers « industriel » et par la radicalité des constructions. Le canapé Flip en est un exemple : structure en profils extrudés et soudés, simples planches posées?
L : Lorsque je regarde l'ensemble de votre production, j'ai l'impression que chaque projet est pourtant sujet à de nouvelles règles, qu'une méthode est repensée pour chaque situation, non ?
LIRE CE TEXTE Vie et mort du monospace.
Vie et mort du monospace.
Où une courte histoire du monospace montre qu'il est désormais temps d'envisager l'automobile au-delà de l'utopie néo-colonisatrice caractérisant son émergence dans les années 60-70.
L'origine du monospace correspond à l'émergence, dans les années 1960, de la définition de nouveaux modes de vie ; en témoigne une large réflexion sur la cellule d'habitation. Cette tendance se rattache à une idéologie nouvelle et néo-colonisatrice : celle qui consiste à envisager une vie possible dans des milieux hostiles - déserts, mers, territoires extraterrestres. Les designers italiens du moment sont alors prolifiques : Colombo, Sottsass, ou encore Colani? L'habitat y est pensé de manière autonome, capsulaire (en écho aux artisans de l'art nouveau à la fin du 19ème siècle). Cette forme de repli sur l'habitat et par extension sur soi traverse une partie du design de cette époque. Le projet Kar-A-Sutra de Mario Bellini fait très distinctement apparaître l'idée d'un véhicule pour vivre : c'est une cellule autonome et vitrée, ouverte sur l'extérieur mais en même temps résolument imperméable. Kar-A-Sutra promeut un mode de vie utopique au sens premier : une vie hors du lieu, du côté de l'artifice. Seul l'amour semble y exister?
Un peu plus tard, en 1976, le français Roger Tallon développe un projet de véhicule autonome , Mini-Max. Son identité est similaire au projet LIRE CE TEXTE D'un entre-deux.
D'un entre-deux.
De l'Experimenta à Amsterdam, où de nombreux petits événements sont disséminées dans la ville pendant six semaines, à Interieur 08 à Courtrai, où seul le Parc des Expositions est investi sur une dizaine de jours, en passant par l'hexagonale Saint Etienne, les biennales européennes liées au design présentent des configurations radicalement opposées.
A Amsterdam, les interventions sont multiples et suivent un fil conducteur identifiable : une quasi-absence du « design tel qu'on l'entend habituellement ». Il est ainsi possible de se fabriquer un porte-feuille anti-rayons X au Sunday Adventure Club, de grignoter un morceau de poisson au Friday Fishday ou encore de traîner son chien au City Dog Adventure. L'exposition Droog Event 2 se pose en manifeste : tous les projets présentés relèvent de l'alternative, de l'intervention sauvage, à l'image de ce cube de Marti Guixé posé dans la ville, que les passants vont pouvoir venir détruire. L'ensemble, entre bricolage et militantisme soft, propose une réflexion sur le design industriel et l'urbanisme.
A Courtrai, la formule est commerciale et bien rodée, c'est froid et impersonnel. Le Parc de Expositions jouxte l'autoroute, ce qui parfait l'impression générale. Vous êtes là pour acheter, au moins des yeux, et rien d'autre. Les stands des diffuseurs et distributeurs s'alignent, les pièces présentées se ressemblent toutes,LIRE CE TEXTE En presence de l'absence.
En présence de l'absence.
Pieke Bergmans développe une production singulière traversée par l'idée du virus et de l'invasion. Après des études à la Design Academy d'Eindhoven et au Royal College de Londres, cette jeune designer aujourd'hui exposée à la Tools galerie rejoint ses maîtres.
Les projets de Pieke Bergmans pourraient a priori laisser une goût de déjà-vu. Ses travaux sur le cristal soufflé font immédiatement penser aux brûlages de Maarten Baas ou aux fauteuils détruits de Barbara Visser, deux figures importantes de la création hollandaise. L'assise « Mama » n'est quant à elle pas sans rappeler le fauteuil Up de Gaetano Pesce, qui pourrait être également cité en référence lorsqu'il est question de la série « Unlimited ». Si bergmans semble difficilement s'affranchir de ses maîtres, c'est peut-être parce que nous ne considérons pas son travail comme il se doit. Lorsque celle-ci s'empare des productions de ses contemporains, c'est en effet pour développer un univers très personnel, loin de références qu'elle semble reléguer au second plan.
À y bien regarder, son travail se révèle tout autre. Il y aurait beaucoup à dire sur l'imperfection, sur le travail de la différence, sur une éventuelle indistinction entre art et design? Qu'elle travaille la terre, le cristal, le miroir ou la lumière, il est toujours question d'une altérité, d'un autre. SonLIRE CE TEXTE Le jeu des simulacres.
Le jeu des simulacres.
Invité d'honneur de la biennale de Courtrai cette année, l'artiste-designer Jaime Hayon, c'est ainsi qu'il se définit, semble incarner le design d'aujourd'hui. On ne compte plus les articles, en particulier dans la presse internationale, vantant la production et très souvent le personnage. Ce succès n'est pourtant pas sans poser question.
Depuis l'ouverture du Hayon Studio à Barcelone en 2004, Jaime Hayon multiplie les expériences. Il est en même temps artiste, graphiste, designer industriel, architecte d'intérieur, et la liste ne s'arrête pas là. Ce personnage que l'on imagine hyperactif n'hésite pas à jouer de sa personne, comme en témoignent ces nombreux portraits qui pourraient le faire passer pour un simple clown. Hayon, qui, il faut le dire, fait le plus souvent figure de dandy, développe un univers complexe et singulier, à l'image de Matthew Barney par exemple. Sa position reste toutefois ambiguë, à commencer par le fait qu'il reste avant tout designer.
L'ensemble de ses projets fait preuve d'une approche essentiellement graphique. Son travail reste celui de la surface : matériaux quasi-systématiquement opaques, utilisation massive du blanc, du noir et du doré. Hayon ne pense que rarement la matière. Sa production révèle une forte attirance pour l'image, en écho à celle qu'il se forge.
Et c'est au fond ce qui dérange. Les pLIRE CE TEXTE Guillaume Linard-Osorio.
Guillaume Linard-Osorio.
De ses études en design et en architecture, Guillaume Linard-Osorio a retenu qu'un projet n'est jamais quelque chose de fini. Ce sont avant tout des intentions, des images ou des codes qu'un designer ou qu'un architecte propose. Un projet est en ce sens nécessairement interprété, il ne vit qu'au travers des lectures multiples de ses potentiels utilisateurs. Tout projet devient autre, rien n'y est immuable, tout y est ouverture?
Les premiers travaux artistiques de Guillaume Linard-Osorio se sont assez logiquement orientés dans cette direction : c'est en transférant des méthodes de travail apprises, en mettant le projet en question, en poussant plus encore cette réflexion engagée quant au rapport de l'image à la matière que de premières compositions ont vu le jour. Et c'est conformément à cette même intention que sa 1ère exposition personnelle chez Magda Danyzs, à juste titre intitulée « Under construction », a été l'occasion de déconstruire ce que notre environnement a de fini. En déstructurant l'architecture de la galerie jusqu'à ses fondations, la nature de l'espace d'exposition considéré en analogie au monde qui nous entoure fut mise en question. Le centre d'intérêt n'était plus le contenu mais bien le contenant, et l'acte de déconstruction semblait y avoir autant d'importance que l'acte de construction, la dislocation permettant de révéler les fondements de LIRE CE TEXTE